AFP - Le premier immeuble suisse pour hypersensibles voit le jour à Zurich - 06/04/2014
7 Avr 2014 | Dans Accueil, Médias - Presse, Electrosensibilité reconnaissance
Interdit de fumer, de se parfumer, d'utiliser son téléphone portable...
autant de règles à suivre si l'on souhaite vivre ou tout simplement visiter ce
refuge pour hypersensibles construit à Zurich, en Suisse.
Douleurs, anxiété, problèmes respiratoires. Ce sont là certains des
symptômes quotidiens dont souffrent les personnes atteintes du syndrome
d'hypersensibilité chimique (MCS) qui serait causé par une intolérance à une
multitude de produits chimiques: lotions, lessives, laques pour cheveux,
peintures...
L'hypersensibilité peut aussi être électromagnétique: elle est alors
provoquée par les différentes ondes électromagnétiques que dégage l'équipement
électronique sans fil.
"Je souffre depuis mon enfance. Cela va réellement changer ma
vie", raconte à l'AFP un des
résidents, Christian Schifferle, 59 ans, à la tête de
Fondation Healthy Life and Living
(www.stiftung-glw.com) à l'origine du projet de construction.
- Un véritable enfer -
C'est donc pour répondre aux besoins des hypersensibles que cet immeuble a
été construit en décembre 2013 dans le quartier périphérique de Leimbach à Zurich, avec l'aide financière de la ville.
Suite:
Une quinzaine d'appartements ont été aménagés.
"Cela m'affaiblit, me rend anxieux, je ne peux pas respirer, mes
poumons me font mal, et je suis pris de vertige", dit-il.
Dès l'âge de 3 ou 4 ans, les vapeurs des produits chimiques utilisés dans
l'usine de fabrication de meubles de ses parents l'incommodent. Adulte, ses
maux l'empêchent de travailler et il part vivre dans une caravane dans les
Alpes.
- Pas pris au sérieux -
Ce n'est qu'à 35 ans qu'il prend réellement connaissance de son mal en
lisant par hasard un livre américain sur le sujet. Il lui faut encore attendre
dix ans avant qu'un médecin le prenne au sérieux.
"Nous voulions aider ces personnes pour qu'elles disposent d'un foyer
où elles pourraient être moins malades", a expliqué une porte-parole du
département Logement de la ville de Zurich, Lydia Trueb.
Toute personne qui entre dans le bâtiment doit éteindre son téléphone
portable et autres équipements sans fil, qui de toute façon ne fonctionnent pas
à l'intérieur. Les habitants ne sont pas pour autant isolés du monde grâce à
une ligne téléphonique traditionnelle.
Le bâtiment dispose d'un espace commun, équipé d'un filtre purifiant l'air.
En outre, à l'entrée de l'immeuble, les produits de nettoyage et d'hygiène
autorisés sont exposés sur une chaise.
- "Les patients souffrent réellement" -
Eviter ce qui les rend malades "est vraiment ce qui aide le plus la
plupart de ces patients", explique à l'AFP le Dr John van Limburg Stirum, qui a suivi M. Schifferle
et d'autres personnes souffrant d'hypersensibilité à
"Ces patients souffrent réellement", continue-t-il.
Construit avec des matériaux spéciaux, le nouveau bâtiment bénéficie aussi
d'un système de ventilation qui évacue toutes les odeurs. Par précaution, les
ouvriers qui ont construit l'immeuble ne pouvaient pas fumer sur le chantier,
ni même se mettre du parfum.
"Un bon exemple est le plâtre. Il ne sent pas, et c'est très important
pour ces personnes", affirme l'architecte Andreas Zimmermann, qui a conçu
le bâtiment.
En outre, explique-t-il, un "filet" spécial a été construit dans
les murs de façade et du toit pour empêcher les ondes et champs
électromagnétiques ou électrostatiques de pénétrer.
- Difficile cohabitation entre hypersensibles -
Reste que malgré les efforts, le résultat n'est pas parfait pour les habitants.
M. Schifferle juge que les ouvriers ont laissé des
traces, des odeurs.
Mais il est heureux d'être entouré de personnes qui souffrent de maux
similaires aux siens. Même si la cohabitation entre hypersensibles n'est pas
toujours aisée.
Ainsi, durant la visite du bâtiment par la journaliste de l'AFP, une
personne surgit en pleurs: souffrant d'hypersensibilité électromagnétique mais
pas chimique, elle se plaint que les interdits en matière de parfums et
produits de beauté sont trop stricts. Quelques semaines après le reportage,
elle a d'ailleurs quitté son appartement.
"Comme les personnes qui vivent dans cette maison souffrent de maux
différents, ce n'est pas facile", glisse M. Schifferle.